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abstraction empirique

5 mai 2007

Dimanche en campagne

Demain, je passerai la journée au bureau de vote.

Le 1er tour fut une belle fête de la démocratie. Notre équipe n’a pas chômé devant l’affluence, et malgré le temps d’attente plus long que d’habitude, je n’ai vu que des sourires et des personnes qui se trouvant avec leurs voisins, leur parlaient peut-être pour la première fois.

Le moment du dépouillement est toujours un peu tendu, on sent les regards suspicieux, une ambiance solennelle. Toutefois c’est un plaisir aussi, qui s’ajoute à celui du devoir accompli, la satisfaction personnelle d’avoir réussi tout simplement à ce que chaque citoyen, en 5 minutes de son temps, puisse exprimer par ce geste, ses idéaux de liberté et d’égalité. Évidemment pour nous, ces 5 petites minutes sont à multiplier par 800, comme autant de signatures qu’il faudra comptabiliser, d’enveloppes qu’il faudra compter, de voix qu’il faudra énumérer. Que de la joie au regard du triste silence en Corée du nord ou des bilans tragiques en Irak.

Demain, entre autres, je voterai pour une femme, énergique et déterminée, à l’intelligence vive, au charme naturel enchanteur, mais qui reste humble. Rachida Dati mérite sa réussite.

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1 mai 2006

épongeage


Il y a des soirées parfois où l’alcool ne semble pas avoir d’emprise sur soi.

On essaye de suivre les autres mais on reste quelque peu étranger à l'euphorie ambiante, un simple observateur qui tâche de passer inaperçu et de ne pas trop paraître à contretemps tel un vieux gif au milieu d’une animation en flash. Évidemment à se croire inoxydable, l’action des breuvages successifs finit par agir d’un coup en rentrant chez soi et de se prendre une belle gifle au milieu de flashes.

Le lendemain soir, après une journée avec un casque (pas de chantier, c’est une image hein), et des retrouvailles moins les forfaits des éclopés de la veille, je soigne le mal par le mal. Tout en commençant prudemment (c’est purement stratégique), le but étant d’être encore frais et dispo quand l’assistance devient clairsemée et qu’il faut absolument trinquer pour n’importe quoi, et surtout des souvenirs de débauches de plus en plus lointaines (merde ils s’en rappellent encore).

Rentré au petit jour, au son des gazouillis des volatiles annonçant le trépas de l’hiver est toujours un plaisir, et c’est léger que l’on s’endort en baissant un rideau de fer qui sera bien plus difficile de relever.
Se rappeler tout de même en boitant : ne pas laisser le banc de muscu dans le couloir, jamais.

21 avril 2006

Multi-carte

Je réalise actuellement des travaux en tout genre (des cours informatiques, en passant par technicien internet, déménageur, à ouvrier en bâtiment) pour mon employeur, une institutrice retraitée ancienne maoïste lesbienne (et hop, une étiquette).

Je suis à la dernière étape qui est de poser de l’isolant dans une pièce. Un chantier qui n’avance pas vite, car il a fallu reboucher des trous et traiter des poutres. Et surtout, il faut respecter le rythme de mon maitre d’œuvre et faire des pauses-cafés régulières. Ainsi je deviens homme de compagnie (hop une nouvelle casquette), une geisha masculine en bleu de travail en sorte.

J’ai l’impression qu’avec son amie, elles vivent comme en colocation, et chacune à ses activités. Elle, semble plus sociable, a fait et fait toujours partie de nombreuses associations, alors que l’autre, qui travaille encore, n’a quasiment qu’une vie professionnelle et se laisse parfois emmener là ou là par son amie.

Retraitée de l’éducation nationale, elle me semble caractéristique philosophiquement et politiquement de ces personnes, partisanes de l’état-mama. Elle raille parfois la bureaucratie, ses anciens collègues pantouflards et leur conservatisme corporatiste, certainement  pour paraître lucide face à quelqu’un qui est étranger à l’administration, mais chaque prof raconte ça à un non-fonctionnaire et lorsqu’il rencontrera un collègue, ça repartira sur le manque de moyens et d’effectif du mammouth…

Elle sait que je n’ai ni le dogmatisme, ni le romantisme utopiste de ces papy et mamy-boomers de gauche, élevée aux slogans des grandes luttes de mai 68 et du féminisme. Son affichette au portrait de Mao, égal d’Hitler parmi les criminels du siècle dernier, me glace en pensant de ce que les maoïstes khmers rouges ont fait de mon pays natal.

Nos conversations, à force de se retrouver autour du marc, deviennent plus personnelles. Elle me parle de ses centres d’intérêt, de sa famille, de sa jeunesse. Dernièrement, de ses soirées folles étant jeune lorsqu’elle allait draguer avec une copine –étant hétéro à l’époque- dans les boîtes, et puis récemment qu’elle avait été draguée sur internet en jouant au scrabble, par une autre femme (j’imagine le pseudo qu’elle avait du mettre). Nous avons parlé aussi des gigolos car sa sœur en avait un, et puis un de ses amis s’était entiché d’un cubain qu’il avait ramené par idéologie et par amour et qui l’avait mis sur la paille, comme une histoire parallèle de la salamandre de Ruffin ; cette idée humaniste de sortir quelqu’un de la misère, puis l’aveuglement jusqu’à la déchéance.

Le soir, ce n’est pas évident, il faut pouvoir dormir avec tous ces cafés ; les aléas du métier.

31 mars 2006

Peur sur la ville

L’atmosphère reste tendue actuellement en centre ville, suite aux nombreux incidents qui ont émaillés pendant et après la manifestation de mardi. Des hordes s’étaient alors déversées en plusieurs endroits, menant des razzias dans les commerces, agressant les badauds et pour finir, en allant harceler les CRS, signe d’un aveu de faiblesse des autorités. Nous avons même eu un hélicoptère de la gendarmerie qui tournoyait au-dessus de nos têtes, pour localiser des bandes extrêmement mobiles.

Comme racontait une commerçante, « il y avait des arabes et des noirs qui se jetaient sur tous les blancs », ce qui n’était pas totalement faux mais évidemment politiquement incorrect. Après les événements des banlieues, ce qui pourraient passer pour de nouvelles scènes de démonstration des « minorités visibles », risquent encore de faire le jeu des mouvements extrémistes xénophobes et ultra-sécuritaires.

Il y avait du ras-le-bol d’ailleurs à l’intérieur même du mouvement étudiant anti-CPE avec le rejet des éléments extrémistes qui polluaient leur action et tout le monde a pu constater que le service d’ordre de la CGT, dans la grande manif de Paris, avait plus ratonné que les services de police.
Il faudra bien plus qu’une victoire de l’équipe nationale lors de la coupe du monde pour réconcilier la France black-blanc-beur, et déjà des mesures favorables à l’emploi de ces jeunes désociabilisés –comme le CPE- ne seraient pas un luxe.

« Les haines de races ne sont au fond que des haines de places ». (Edmond Rostand)

30 mars 2006

De Gaulle

Il y avait un téléfilm mardi soir sur France2 (http://le-grand-charles.france2.fr/), avec la 2e partie du « Grand Charles »  (je n’ai pas vu la 1re partie). Généralement je ne tarde pas devant la télé mais je suis resté dans les pas du connétable.  De la qualité pour un programme qui ne tourne pas à l’hagiographie et qui nous montre un de Gaulle quelque fois roublard, plus humain en tout cas, bien qu’il semble un parfait stoïcien.

Quel homme hors du commun tout de même, qui pouvait paraître arrogant de penser relever un pays exsangue ; mais comme Jeanne d’Arc, Napoléon et quelques autres, leurs destins se sont confondus avec celui de la France, et bien souvent dans la solitude de leur tâche et l’ingratitude de leurs contemporains. Car l’histoire du « Grand Charles », après toutes ces épreuves et malgré ses succès, restera une tragédie (je ne parle pas du bal de Colombey-les-deux-églises!). Trahi par une jeunesse inconsciente et surtout les « gaullistes » -qui ont fait d’une pensée pragmatique, un dogme rigide et conservateur- et qui s’opposeront aux dernières volontés politiques du général qui voulut déjà amorcer la décentralisation et réformer le Sénat (des idées reprises plus tard par ses ennemis d’alors).

Il n'y a pas de gaullisme sans de Gaulle.

De Gaulle, un noble militaire catho vieille France, qui se montrera visionnaire, résolument moderne et homme de paix. Il est attachant pour tout ce qu’il a enduré et accomplit pour notre pays, et surtout il restera humble dans sa condition d’homme : un « honnête homme ».

Verbatim

  • « Le caractère, c'est d'abord de négliger d'être outragé ou abandonné par les siens. »

  • « Je suis un homme qui n'appartient à personne et qui appartient à tout le monde. »

  • « Le désir du privilège et le goût de l'égalité, passions dominantes et contradictoires des Français de toute époque. »

  • « La politique, quand elle est un art et un service, non point une exploitation, c'est une action pour un idéal à travers des réalités. »

  • « Ce qu'il faut surtout pour la paix, c'est la compréhension des peuples. Les régimes, nous savons ce que c'est : des choses qui passent. Mais les peuples ne passent pas. »

  • « En notre temps, la seule querelle qui vaille est celle de l'homme. C'est l'homme qu'il s'agit de sauver, de faire vivre et de développer. »

  • « A la base de notre civilisation, il y a la liberté de chacun dans sa pensée, ses croyances, ses opinions, son travail, ses loisirs. »

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